Julie Cloarec-Michaud - 09/2020
Le trait simple. Une trajectoire empreinte pour un territoire parcouru. Une trace. Un affleurement de vie sous la fine peau du papier. Une impression de ce qui est, de ce qui vit, de ce qui bat. Un instant suspendu, à peine arrêté, subrepticement figé. Le visage de l’instant, sans face, mais qui, à revers, parle pour tous dans un silence éloquent. Car que reste-il après l’effort ? Qu’est-ce qui résiste à l’éternel et cyclique passage du rocher sur la montagne ? Rien, sinon le geste. Répété, encore et encore, sans aucun faux espoir. Fait et refait sans lassitude, avec bonheur, comme on embrasse sa destinée absurde. Le geste, le même, l’effort, le muscle dans l’ornière, le corps en tension et le prolongement du trait. Toujours. Ce surplus de création, comme une œuvre témoin de l’ouvrage, à chaque nouveau départ. Tracer, retracer, à en creuser le sillon, à en polir la pierre, pour que de la superposition des passages il ne reste qu’un seul trait. Un simple trait. C’est tout. C’est tout un simple trait. C’est absolument tout. Un trait, une figure, un style. Je ne suis que mon trait, je ne suis que ma trace, je ne suis que mon geste.