Serge Crampon et la Loire...
Itinéraire d'un traîneur de grèves
« Je ne suis pas tant un peintre de Loire qu’un promeneur du fleuve, un traîneur de grèves Je suis d’abord, avant toute idée de transformer, quelqu’un qui aime regarder… » Ainsi se définit d’entrée de jeu Serge Crampon, dans son double rapport à son art et à la loire. Une Loire qui irrésistiblement l’attire et qui, comme lui, ne reste jamais les deux pieds dans le même sabot.
Trompeuse sous ses fausses apparences de belle endormie, mais en fait toujours au travail, elle arrache, charrie, brasse et broie une foule de matériaux disparates : troncs d’arbres et autres bois flottés, pauvres épaves aux couleurs délavées, francs bords, tableaux et planchers de barques déchirées, qu’elle délaisse sur les grèves à son retrait. Parfois noyée sous les sables ou la peau écaillée des vases, cette grosse artillerie du fleuve - sa flotte amirale - s’oppose au menu fretin infiniment plus aérien, l’écume des crues, dont l’artiste fait aussi son miel : multiples brindilles, quenouilles limoneuses, torsadées et tressées tour à tour par l’eau, la terre et le vent, fragiles dépôts accrochés aux basses branches des frênes et aux piquants rouillés des clôtures de la Vallée. […]
Jacques Boislève